LES BIOSIMILAIRES ET LE CANCER DU SEIN : UNE SÉRIE ÉDUCATIVE EN FORMAT NUMÉRIQUE
Les médicaments biosimilaires feront bientôt leur apparition dans le monde de la lutte au cancer du sein. Ils sont d’ailleurs déjà offerts comme médicaments de soutien. Face à toutes ces nouvelles options de traitement, il s’avère important d’en savoir davantage sur le sujet pour prendre des décisions éclairées.
Qu’est-ce qu’un médicament biosimilaire ? En gros, un médicament biosimilaire est un médicament qui imite un médicament biologique. Les médicaments biologiques sont des produits très complexes qui utilisent des cellules vivantes ou des tissus provenant d’humains, de végétaux ou de microorganismes1. Ils figurent parmi les médicaments les plus novateurs et ils ont changé la façon de traiter le cancer aujourd’hui. Habituellement, un brevet est émis lorsqu’un nouveau médicament est mis au point et approuvé. Cela signifie qu’aucun autre fabricant ne peut le reproduire. À l’expiration du brevet, les autres fabricants peuvent produire le médicament à coût moindre : il s’agit d’un médicament générique. Ses ingrédients sont précisément les mêmes que ceux du produit d’origine. À l’instar des médicaments génériques, les biosimilaires sont fabriqués après l’expiration du brevet du médicament biologique et ils coûtent moins chers. Cependant, ils ne peuvent pas être identiques au produit breveté parce qu’il s’avère impossible de reproduire de façon exacte les cellules vivantes utilisées. Les fabricants de biosimilaires recréent plutôt un environnement semblable aux produits d’origine pour parvenir aux mêmes résultats. Ainsi, la composition de chaque médicament sera comparable sans être identique. Aux États-Unis, la FDA vient tout juste d’approuver l’utilisation de deux biosimilaires dans le traitement du cancer, dont un pour le cancer du sein. À l’heure actuelle, les biosimilaires ne sont pas employés pour traiter le cancer du sein au Canada. Cette situation est appelée à changer sous peu puisque les brevets des médicaments biologiques contre le cancer arriveront bientôt à échéance. La lutte contre le cancer du sein s’est considérablement modifiée au cours des vingt dernières années avec le développement des thérapies ciblées. Bon nombre de celles-ci sont en fait des médicaments biologiques qui verront leur brevet expirer prochainement, ouvrant ainsi la porte aux biosimilaires. L’efficacité d’un biosimilaire Un biosimilaire doit impérativement se révéler aussi efficace que le médicament biologique. Santé Canada impose des normes précises aux fabricants de biosimilaires qui doivent prouver l’efficacité de leur produit. Tout d’abord, le fabricant d’un biosimilaire doit comparer son produit au médicament biologique de référence et démontrer que l’ingrédient médicamenteux actif (les cellules ou les tissus vivants utilisés) est semblable. Le biosimilaire doit ensuite avoir une forme posologique, un format et un dosage identiques à ceux du médicament biologique de référence. Son innocuité, son efficience et son efficacité doivent également être comparables au médicament d’origine et prouvées par des tests et des essais. Santé Canada mène un processus d’approbation rigoureux pour garantir la sécurité du patient et l’efficacité du produit. Le fabricant peut commercialiser son médicament au Canada seulement après l’obtention d’un avis de confirmé (AC) émis par Santé Canada. Comme tous les médicaments vendus au pays, l’innocuité des biosimilaires demeure étroitement surveillée après leur mise en marché. Les fabricants doivent se préoccuper de tous les effets secondaires qui leur sont signalés et avertir Santé Canada de tout effet secondaire grave2. Santé Canada examine toutes les plaintes et tous les signalements liés à l’innocuité d’un médicament. L’efficacité d’un biosimilaire La composition d’un biosimilaire n’étant pas identique à celle d’un médicament biologique, le pharmacien ne peut pas automatiquement changer l’un pour l’autre comme il peut le faire pour les médicaments non biologiques. Le choix d’un biosimilaire revient à vous et à votre oncologue. Si vous prenez déjà un médicament biologique, opter pour un biosimilaire dépend de vos préférences et de votre situation. Une modification de votre plan de traitement doit toujours faire l’objet de discussions préalables avec vous. Le coût explique en grande partie le recours aux biosimilaires. Puisqu’ils coûtent moins chers que le médicament d’origine, ils représentent un fardeau moindre pour le système de soins de santé. Le prix peut également s’avérer un facteur important pour les patients. L’Ontario et plusieurs provinces de la côte Est ne remboursent pas les médicaments administrés par voie orale. Une option moins coûteuse peut conséquemment devenir attrayante. Les biosimilaires peuvent ne pas vous convenir. Cependant, connaître les options de traitement qui s’offrent à vous et les comprendre vous confère un avantage certain. Pour obtenir plus d’informations sur les biosimilaires, consultez la fiche de renseignements de Santé Canada ici.
Mieux connaître les médicaments biosimilaires
Maintenant que vous en savez davantage sur les biosimilaires, il pourrait s’avérer intéressant de connaître le point de vue d’un médecin sur ces médicaments. Nous avons joint le docteur Sandeep Sehdev, oncologue médical à l’Hôpital d’Ottawa, pour qu’il nous donne son avis sur les biosimilaires et qu’il nous fasse part de ce qu’il juge nécessaire pour les patientes de savoir à leur sujet.
Que croyez-vous important pour vos patientes de comprendre à propos des biosimilaires ?
Médicaments biosimilaires : qu’en disent les médecins ?
Ils sont sécuritaires : Avant d’arriver dans les mains des patientes, les médicaments biosimilaires sont soigneusement approuvés par Santé Canada qui en évalue la similarité, à la fois chimique et biologique, avec le médicament d’origine. Santé Canada étudie tout élément qui pourrait soulever des inquiétudes quant à l’innocuité d’un biosimilaire avant sa commercialisation. Ils ne sont pas nouveaux : Les biosimilaires sont utilisés pour le traitement d’autres maladies au Canada et dans des pays européens depuis un certain temps déjà. Ils coûtent moins cher : Même s’ils ne sont pas l’équivalent d’un médicament chimique générique, ils partagent avec ces derniers le fait d’être une version moins chère d’un médicament d’origine produite par une autre compagnie. De même, on s’attend à ce que les économies réalisées servent à financer les coûts toujours plus élevés des nouvelles percées dans le traitement du cancer. Vous ferez l’objet d’un suivi continu : Finalement, comme c’est le cas pour tous les médicaments oncologiques, les cliniciens et les autorités sanitaires vous surveilleront continuellement pendant la prise de votre médicament. Ils seront à l’affût de toute préoccupation quant à son efficacité et à son innocuité.
Quelles possibilités entrevoyez-vous grâce aux biosimilaires ?
N’ayez pas peur de poser des questions : Les patientes devraient savoir qu’elles peuvent sans hésiter poser toutes les questions qu’elles désirent à leur médecin ou à leur pharmacien. Plus vous en savez : Puisque nous, les membres du corps médical, considérons qu’ils sont fonctionnellement similaires, ils ne devraient pas susciter de préoccupations particulières. Toutefois, une meilleure compréhension des biosimilaires et de leur utilisation au Canada peut favoriser la paix d’esprit.
Avoir davantage d’options signifie obtenir de meilleurs prix : Un nombre accru de « marques » devrait favoriser la concurrence et diminuer le coût du traitement — un élément considéré par nos patientes comme renversant. Les économies peuvent financer de nouveaux traitements : Par la force des choses, les économies seront réinvesties dans de nouvelles percées très coûteuses dans la lutte au cancer. Les nouveaux traitements nécessitent des recherches scientifiques approfondies dans la biologie du cancer et dans la mise au point d’agents biologiques complexes qui souvent utilisés en association. Les patientes qui se voient offrir des biosimilaires de nos jours profiteront presque certainement de ces nouveaux traitements dans les années à venir.
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Que devraient envisager les patientes qui feront appel à un médicament biosimilaire ?
En pharmacologie clinique : Elles explorent la pharmacodynamie et la pharmacocinétique d’un médicament. La recherche en pharmacodynamie étudie l’action d’un médicament sur un organisme en examinant ses processus et ses interactions chimiques au sein d’un organisme vivant. À l’inverse, la pharmacocinétique étudie l’effet d’un organisme sur un médicament. Utilisées concurremment, ces études permettent d’étayer les décisions concernant la posologie, les avantages cliniques et les effets indésirables d’un traitement.
En efficacité clinique : Études menées pour évaluer le rendement d’un médicament administré à des humains. Elles comprennent notamment les essais cliniques qui examinent l’innocuité et l’efficacité d’un nouveau médicament chez les patients. Elles portent sur des études qui comparent le nouveau traitement à des traitements standards déjà offerts, à des placebos ne contenant aucun ingrédient actif ou à la non-intervention. Les études mesurent des résultats précis chez les participants pour veiller à ce que le médicament atteigne les objectifs voulus et pour en démontrer les avantages cliniques.
Étape 2 : Études non cliniques Elles font appel à des organismes vivants ou des cellules pour définir le profil toxicologique du médicament et pour s’assurer que son effet sur le corps humain est sécuritaire.
Comprendre le développement des médicaments biosimilaires
Pour comprendre la façon dont les biosimilaires sont conçus, il est utile d’en apprendre davantage sur la fabrication des médicaments biologiques de référence et la manière dont l’innocuité et l’efficacité de ces derniers sont évaluées.
Étape 1 : Caractérisation analytique La structure et l’activité fonctionnelle d’un médicament biologique sont examinées avec soin pour donner un aperçu de la compatibilité du médicament avec le corps humain, pour déterminer si l’élaboration de ce traitement devrait se poursuivre et pour en contrôler la qualité.
Étape 3 : Études cliniques
Études analytiques
Études cliniques : Elles sont également de moindre ampleur pour les biosimilaires. Les études cliniques comparent l’innocuité, l’efficacité, la pharmacocinétique et la capacité d’un médicament à déclencher une réponse immunitaire chez un patient d’un biosimilaire à celles du médicament de référence. La posologie et le mode d’administration demeurent les mêmes. Les fabricants de biosimilaires mènent aussi des essais cliniques parmi les populations de patients les plus vulnérables et évaluent les paramètres cliniques les plus sensibles pour déceler la moindre différence entre le biosimilaire et le médicament biologique de référence.
Études analytiques : Dans le cas des biosimilaires, c’est la caractérisation analytique à laquelle on s’intéresse le plus puisque les fabricants doivent démontrer que la structure et l’activité fonctionnelle de leur biosimilaire sont comparables à celles du médicament biologique de référence. En revanche, la plupart des efforts déployés lors du développement d’un nouveau traitement biologique se concentrent sur les études d’efficacité clinique.
Analytical Studies
Études cliniques supplémentaires (pour évaluer la similarité)
Études non cliniques : Les étapes non cliniques de l’élaboration d’un biosimilaire s’avèrent moins exhaustives. L’objectif de ces études est de veiller à ce que toute variation constatée dans la qualité du produit n’affecte ni l’innocuité ni l’efficacité du biosimilaire par comparaison avec le médicament de référence.
Biosimilars
Études non cliniques
Nonclinical studies
Le développement d’un médicament biosimilaire fait appel à bon nombre des mêmes étapes, mais elles sont abordées sous un angle différent. L’objectif premier du processus complet d’élaboration d’un biosimilaire est de démontrer sa comparabilité avec le médicament biologique de référence en matière de qualité, d’innocuité et d’efficacité. Les organismes de règlementation comme Santé Canada utilisent les données cliniques et non cliniques comparant le biosimilaire et le médicament de référence pour décider de l’approbation d’un nouveau traitement. Ils examinent les données au cas par cas et prennent leur décision définitive en se basant sur l’ensemble des informations recueillies.
Études pharmacocinétiques cliniques
Études cliniques
Clinical PK Studies
Biologigues
Comprendre les biosimilaires : une patiente vous explique
Par : Diana Ermel
Tout d’abord, je vous recommande de jeter un œil sur notre fiche d’information sur les médicaments biosimilaires pour vous aider à comprendre en quoi ils diffèrent des médicaments biologiques de référence.
Innocuité et efficacité : Une des priorités essentielles pour toutes les patientes est de savoir que leurs traitements s’avèreront à la fois sécuritaires et efficaces. C’est également le cas avec les biosimilaires. La question la plus fréquemment posée est celle de l’efficacité du biosimilaire comparativement au médicament d’origine. Santé Canada a mis en place de rigoureuses procédures d’approbation des biosimilaires ainsi que des lignes directrices au sujet de leur utilisation. Je crois que nous pouvons être rassurées par cette intendance. Les biosimilaires sont déjà employés pour traiter diverses maladies chroniques au Canada et servent de traitement anticancéreux en Europe depuis de nombreuses années. Cependant, leur rôle dans le cadre d’un plan de traitement complet et détaillé contre le cancer demeure incertain. Pour instaurer un climat de confiance relativement leur utilisation, les patientes ont absolument besoin de plus d’informations pour comprendre comment ils seront réglementés.
En tant que survivante du cancer du sein et membre du conseil d’administration du RCCS, je m’intéresse grandement à la façon dont les biosimilaires seront employés pour traiter le cancer du sein au Canada. Même s’ils ne sont pas bien connus de tous aujourd’hui, ils feront bientôt l’objet de discussions dans les foyers des personnes atteintes de cette maladie. Comme patientes, il importe que nous comprenions leur utilisation, surtout s’ils servent de solutions de rechange efficaces aux traitements de marque déposée. Voici selon moi certains des éléments importants dont nous, les patientes, devrions tenir compte.
Au fur et à mesure que les biosimilaires contre le cancer feront leur entrée au Canada, de plus en plus de questions sur leur encadrement et sur leur utilisation par le système de santé seront soulevées. En tant que patientes atteintes d’un cancer du sein, nous devons posséder des connaissances adéquates pour prendre des décisions éclairées au sujet de notre traitement. Il ne fait aucun doute que la principale priorité des patientes et des organisations comme le RCCS sera dorénavant de veiller à ce que l’utilisation de ces traitements réponde aux normes d’innocuité, d’efficacité et de transparence afin d’améliorer l’accès à des médicaments essentiels contre le cancer.
Prise de décisions éclairées : Les résultats des traitements s’avèrent un autre sujet de préoccupation chez les patientes. Si votre traitement fonctionne bien en ce moment, vous pourriez craindre de le compromettre en effectuant quelque changement que ce soit. Par contre, si votre plan ne produit pas les résultats escomptés, les biosimilaires pourraient à la fois vous donner un accès facilité à des médicaments et augmenter le nombre d’options qui s’offrent à vous. Il faut que nous, les patientes, puissions prendre des décisions éclairées quant à l’utilisation des biosimilaires pour traiter notre cancer. Pour y arriver, nous devons discuter ouvertement avec nos fournisseurs de soins du traitement le plus approprié pour nous.
Accès : Le prix d’un biosimilaire, lorsque comparé au médicament d’origine, constitue un autre facteur dont il faut tenir compte. Dans le cas de médicaments injectables, le coût ne représente pas une priorité dans le processus décisionnel des patientes. En effet, les régimes de santé provinciaux couvrent ces traitements. Pour ce qui est des médicaments administrés par voie orale cependant, plusieurs provinces accusent un retard sur le reste du pays. Ces provinces demandent aux personnes atteintes d’un cancer du sein de débourser de leur poche ou d’avoir recours à leur assurance privée. Obtenir un traitement qui coûte moins cher au système et aux patientes est perçu comme un gain par maintes personnes. Puisqu’il est déjà tellement compliqué pour les patientes de se payer des traitements anticancéreux et d’y avoir accès, les biosimilaires doivent être utilisés par le système de soins de santé de façon à accroître le nombre d’options offertes et à améliorer l’accès aux médicaments.
Par le Dr Jawaid Younus, oncologue médical et hématologue au London Health Sciences Centre
Les biosimilaires vus sous un angle clinique
Nous savons tous ce qu’est un médicament générique : une reproduction exacte de la formule chimique connue du médicament d’origine. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les médicaments génériques peuvent être fabriqués en grande quantité à un coût inférieur. Pour y parvenir, les fabricants de produits génériques doivent fournir la preuve que leur version constitue une copie conforme de la formule chimique du médicament initial et qu’elle est métabolisée de la même façon que le produit original chez les personnes en bonne santé. Ce processus abrégé d’approbation par Santé Canada ou par un autre organisme de réglementation représente un fardeau financier moindre pour les fabricants et procure un avantage considérable : un prix nettement plus bas qui se solde par une meilleure accessibilité pour les patients. Les médicaments qui découlent d’un système biologique (des cellules, des bactéries, etc.) sont appelés médicaments biologiques. Ils sont couramment utilisés en oncologie, en rhumatologie et dans d’autres domaines de la médecine. La copie d’un médicament biologique d’origine se nomme médicament biosimilaire. Puisque les médicaments biologiques sont en fait des structures hautement complexes, les biosimilaires pourraient ne pas être des reproductions exactes de la molécule originale. Santé Canada évalue les biosimilaires en tant que nouveaux médicaments en vertu de la Loi sur les médicaments et les drogues et du Règlement sur les médicaments et les drogues. Santé Canada a recours à la Direction des produits biologiques et des thérapies génétiques et à la Direction des produits de santé commercialisés pour examiner et traiter les demandes d’autorisation d’un nouveau biosimilaire. La capacité immunogène, c’est-à-dire la capacité d’induire une réponse immunitaire et, souvent, un ou plusieurs paramètres d’efficacité sont testés auprès de vrais patients dans le cadre d’un essai clinique même si la structure du biosimilaire est semblable à la molécule de référence. Des étapes de fabrication complexes jumelées à une évaluation qui comprend un essai clinique occasionnent des dépenses additionnelles pour les fabricants. On ne s’attend donc pas à ce que les biosimilaires deviennent aussi peu coûteux que les génériques. Il subsiste plus de questions que de réponses dans le secteur émergent des biosimilaires. Le simple fait d’ajouter les biosimilaires en tant que nouvelle « entité » à la liste des options thérapeutiques nécessite un certain apprentissage de la part des cliniciens. Devrions-nous remplacer les molécules originales par des biosimilaires comme nous le ferions avec des médicaments génériques ? Est-ce qu’un patient qui reçoit un traitement par anticorps devrait plutôt recevoir un biosimilaire ? Il n’existe pas de recommandations normalisées ou même de lignes directrices pour orienter la prise de décisions. Cette situation représente donc un défi pour les médecins traitants. En outre, devrions-nous discuter du changement de médicament ou du recours à un biosimilaire avec nos patients ? Dans le monde de l’oncologie, l’objectif du traitement s’avère extrêmement important ; l’approche à l’égard du traitement diffère selon qu’il s’agit d’un traitement adjuvant ou du traitement d’une maladie à un stade avancé. On peut supposer que l’intégration des biosimilaires s’avérera relativement facile dans les cas où l’affection est rendue à un stade avancé puisque l’intention du traitement est de contrôler la maladie, d’atténuer les symptômes et de prolonger la survie sans progression et la survie globale. Cette approche pourrait fournir suffisamment d’expérience aux médecins qui deviendraient plus à l’aise avec le produit. Elle paverait ainsi la voie à l’adoption des biosimilaires en contexte adjuvant où l’objectif est de prévenir ou de guérir. Notre expérience avec les médicaments génériques diffère. Même si ces derniers varient quelque peu de leurs molécules originales respectives, nous ne discutons jamais de leur utilisation avec nos patients. Nous employons couramment des médicaments chimiothérapeutiques et anti-estrogéniques génériques dans le cadre de traitements adjuvants et de traitements de la maladie à un stade avancé. Alors pourquoi devrions-nous nous préoccuper du recours aux biosimilaires dans ces cas ? Cette inquiétude découle du fait que les biosimilaires sont considérés comme de nouveaux médicaments et qu’ils font l’objet d’un ou de plusieurs essais cliniques pour analyser leur efficacité et leur innocuité, entre autres. Est-ce qu’un seul essai clinique dans des circonstances précises fournit suffisamment de preuves pour autoriser l’utilisation du biosimilaire pour ce stade de cancer ? Le problème demeure si le biosimilaire est testé en contexte de maladie à un stade avancé : devrions-nous nous sentir à l’aise d’y avoir recours à d’autres stades comme traitement adjuvant ou néoadjuvant ? Émettons une autre hypothèse : un biosimilaire qui a été approuvé après un essai clinique auprès de patientes atteintes d’un cancer du sein à un stade avancé pourrait-il être employé pour soigner des personnes souffrant d’un cancer de l’œsophage ou de l’estomac ? Le médicament biologique de référence a dû faire l’objet de multiples essais cliniques à tous les stades de la maladie et de séries d’essais cliniques semblables pour tous les types de cancer pour lesquels il est approuvé. La surveillance effectuée par Santé Canada après la commercialisation des biosimilaires fournit quelques réponses au sujet de l’innocuité des biosimilaires. Cependant, les paramètres d’efficacité s’avèrent compliqués et difficiles à appliquer. Il sera extrêmement ardu pour un clinicien seul ou même un centre anticancéreux de recueillir adéquatement des données sur l’efficacité des biosimilaires de manière longitudinale. Il existe un autre point de vue à toute cette histoire des biosimilaires. De nombreux fabricants en produiront. Cela représentera un défi pour les autorités responsables du remboursement des médicaments puisque, idéalement, tous les biosimilaires devraient être offerts comme options de traitement. Est-ce que la décision d’en choisir un plutôt qu’un autre reviendra aux médecins ou aux pharmaciens ? En Ontario, les cliniciens et les pharmaciens sont obligés de recourir à un seul biosimilaire de facteur de croissance hématopoïétique G-CSF dans les limites de l’utilisation permise. Ainsi, le ministère de la Santé, par le biais des remboursements, peut avoir le dernier mot sur l’emploi d’un biosimilaire précis. Essentiellement, les biosimilaires demeurent semblables aux médicaments génériques. Nous aimerions que tous les patients admissibles aient un meilleur accès à moindre coût à ces molécules biologiques complexes. Dans ce contexte, nous souhaiterions à la fois veiller à l’innocuité et à l’efficacité du produit de même qu’avoir la liberté de choisir l’option de traitement qui convient le mieux à nos patients. Nous espérons qu’à mesure que nous aurons de l’expérience avec les biosimilaires et que nous y serons exposés, les cliniciens, les pharmaciens et les organismes de réglementation obtiendront de meilleures réponses et solutions.
Les médicaments biosimilaires sont utilisés depuis déjà quelques années au Canada, surtout dans le domaine des maladies chroniques et celui des soins de soutien. Mais dans un avenir rapproché, ils serviront également à traiter le cancer. Il n’existe pas beaucoup d’information au sujet de ces nouveaux biosimilaires anticancéreux et il importe que les patientes atteintes d’un cancer du sein sachent de quelle façon ces médicaments innovants pourraient affecter leur plan de traitement. Attardons-nous à quelques biosimilaires émergents qui seront bientôt employés en oncologie. Dans le cadre de soins de soutien, de nombreux patients reçoivent déjà des médicaments biosimilaires. Le filgrastim (Neupogen) et le pegfilgrastim (Neulasta) sont couramment prescrits pour prévenir les infections causées par la neutropénie fébrile chez les patients atteints de cancer. Dans les dernières années, un certain nombre de fabricants ont développé des biosimilaires pour ces deux médicaments, dont le Grastofil — un biosimilaire du filgrastim — et le Lapelga — un biosimilaire du pegfilgrastim. Les biosimilaires sont actuellement utilisés dans de multiples centres anticancéreux partout au pays pour traiter la neutropénie fébrile. En oncologie, des médicaments biosimilaires pour le traitement courant du cancer sont actuellement mis au point. Cette année, Santé Canada a approuvé Mvasi, un biosimilaire du médicament biologique de référence bevacizumab (Avastin). Son utilisation est autorisée pour le traitement du cancer colorectal métastatique et des formes localement avancées, métastatiques ou récidivantes du cancer du poumon non à petites cellules. Il s’agit du premier biosimilaire approuvé pour le traitement du cancer au Canada. Les autres biosimilaires en développement comprennent ceux pour le traitement de la leucémie lymphoïde chronique (LLC) et de certains types de lymphomes non hodgkiniens. Des biosimilaires du médicament de référence rituximab (Rituxan) sont élaborés en ce moment par de nombreux fabricants, mais aucun n’a encore été approuvé par Santé Canada. En ce qui concerne le cancer du sein précisément, des biosimilaires du trastuzumab (Herceptin) sont actuellement mis au point. Ils incluent Ogivri, fabriqué par Mylan Pharmaceuticals, Herzuma fabriqué par Celltrion en collaboration avec Teva, Trazimera développé par Pfizer et Kanjinti conçu par Amgen. Ces biosimilaires tenteront d’être autorisés pour le traitement du cancer du sein à un stade précoce et le cancer du sein localement avancé ou métastatique. Le développement de biosimilaires contre le cancer s’accélère. En plus des traitements mentionnés ci-dessus, de nombreux autres fabricants étudient la possibilité de commercialiser de nouveaux biosimilaires au Canada. Ces médicaments innovants pourraient modifier radicalement la prise en charge du cancer tout en ayant des répercussions importantes sur la façon dont les patients qui en sont atteints auront accès aux médicaments.
Les biosimilaires contre le cancer : ce qui nous attend
Vous désirerez peut-être parler des biosimilaires avec votre fournisseur de soins de santé. Vous trouverez ci-dessous trois questions pour lancer la discussion.
Me prescrit-on un biosimilaire ? Si oui, pourquoi ? Les biosimilaires sont-ils efficaces dans mon cas ? Comment le biosimilaire s’intégrera-t-il à mon plan de traitement ?
Le RCCS existe pour veiller au soutien des patientes en leur fournissant de l’information, en améliorant leurs connaissances et en défendant leurs intérêts. L’objectif du RCCS est de s’assurer que toutes les Canadiennes qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein ont accès aux meilleurs soins, peu importe l’endroit où elles habitent au Canada.
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Qui nous sommes et comment nous aidons
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